Qui sommes-nous ?
En savoir un peu plus sur le collectif Smolny
L’association s’est formée en 2005 sur la base d’un constat relativement simple : si le volume de livres édités est plus que conséquent (les statistiques de dépôts à la BNF en témoignent), la part dévolue aux textes qui se situent dans la continuité du combat historique du mouvement ouvrier se réduisait comme peau de chagrin. En particulier un certain nombre de lacunes semblaient ne jamais devoir être comblées. Le fond de livres « politiques » encore en (faible) circulation reste souvent un héritage de la génération précédente : Rubel-Janover dans la Pléiade, la Bibliothèque Socialiste et la PCM de François Maspéro, les éditions Anthropos, les cahiers Spartacus. C’est dans cette lignée que nous aimerions — avec des moyens bien plus modestes — nous inscrire pour rendre disponibles à nouveau des textes importants, toujours essentiels pour l’esprit critique d’aujourd’hui.
L’édition française a par ailleurs cette étonnante particularité de privilégier une production pléthorique de glose plutôt que de permettre l’accès au texte lui-même avec les éléments critiques nécessaires. Hormis la remarquable exception (militante en un sens) de l’édition de la Pléiade, Marx est un bon exemple de ce travers : il existe des kilomètres de rayonnages d’ouvrages sur Marx, décortiqué, digéré, émoussé, selon la lubie de chacun – mais les oeuvres complètes sont toujours en chantier.
Nous avons donc fait un tour d’horizon rapide de nos « atouts » : aucune expérience éditoriale, pas de fonds de réserve, pas de catalogue de démarrage, pas d’appui universitaire, deux illuminés seulement au départ, un temps libre pas vraiment extensible. La conclusion s’imposait d’elle-même : FAISONS-LE ! Et s’il est vrai que « le difficile, c’est ce qui peut être fait tout de suite ; l’impossible, c’est ce qui prend un peu plus de temps » (G. Santayana)… alors cela nous prendra sans doute un peu de temps, voilà tout !
Si nous souhaitons prioritairement rendre disponible de nouveau des textes dits « classiques » (ou un peu moins), nous ne nous interdisons pas de diffuser les contributions originales que l’on voudra bien nous soumettre en rapport avec l’histoire ou les perspectives du mouvement prolétarien. Dans tous les cas nous souhaitons que cette tâche d’édition respecte des critères de qualité et de diffusion satisfaisants : un livre solide, fait pour durer, et qu’il est facile de trouver.
Le collectif Smolny est une association loi 1901. Pas vraiment de surprise. Celles et ceux qui veulent en savoir plus peuvent consulter les statuts. Cette forme associative assure l’assise minimale, notamment comptable ou de représentativité, qui permet au collectif d’engager en toute transparence diverses actions : dépôt légal, gestion bancaire, donations, souscriptions, etc.
En voulant rééditer le texte de Rosa Luxemburg, « Introduction à l’économie politique » nous avons fait le raisonnement suivant : les oeuvres dites « économiques » de Rosa, que ce soit l’ « Introduction » ou « l’Accumulation du Capital », ne sont plus éditées depuis près de 30 ou 40 ans, pour ne rien dire de sa thèse sur le développement du capitalisme en Pologne, toujours inédite en langue française. Ce constat tous les maisons d’éditions pouvaient le faire… depuis un petit bout de temps déjà ! C’est donc qu’aucune n’y trouve d’intérêt intellectuel ou… solvable. Nous sommes les ramasse-miettes de l’édition : mais ces miettes sont diablement nourrissantes, non ?
À l’heure d’une concentration financière inédite dans ce « secteur », se constituer en collectif d’édition à but non lucratif est aussi un gage d’indépendance qui nous permettra de maintenir une certaine cohérence des titres et une maîtrise des appareils critiques.
Et puis, pourquoi toujours s’en remettre aux « spécialistes » ? Très marginalement nous essayons de briser un peu de la division intellectuelle du travail dans un domaine naturellement très élitiste. Nous faisons donc le pari du collectif et adaptons à notre modeste échelle ces recommandations de Anton Pannekoek : « la révolution exige que le prolétariat résolve lui-même tous les grands problèmes de la reconstruction sociale, prenne les décisions difficiles, participe tout entier au mouvement créateur ; il faut pour cela que l’avant-garde et ensuite des masses toujours plus larges prennent les choses en main, se considèrent comme responsables, se mettent à chercher, à faire de la propagande, à combattre, expérimenter, réfléchir, à peser puis oser, et aller jusqu’au bout. Mais tout cela est dur et pénible ; c’est pourquoi, tant que la classe ouvrière aura l’impression qu’il existe un chemin plus facile, puisque d’autres agissent à sa place (…), elle tergiversera et demeurera passive, prisonnière des vieilles habitudes de pensée et des vieilles faiblesses » (p. 178, « Pannekoek et les Conseils ouvriers » , Serge Bricianer). Nous n’avons pas pris le chemin « plus facile », mais c’est clairement le plus enthousiasmant.
Cette question nous est régulièrement posée. À juste titre. C’est un des chemins « plus facile » dont parle Pannekoek juste au-dessus. D’abord il faut dire que nous ne nous refusons pas cette « facilité ». Et certains projets, de toute évidence, auront d’abord comme objectif de mettre à disposition sur internet certaines ressources documentaires avant de se poser la question de leur éventuelle édition papier.
Néanmoins la formation du collectif Smolny est largement inspirée de la conviction que la disponibilité d’un texte au format livre est un élément fondamental de la médiation entre la pensée d’un auteur et la réflexion, et partant, la conscience que peut développer son lecteur. Toutes les évaluations scientifiques le montrent : la lecture-écran et la lecture-papier sont des pratiques différentes. On estime à 20% la perte de compréhension en défaveur de la lecture écran. Et puis, qui peut lire 300 ou 400 pages sur un écran ? Bien sûr il est toujours possible d’envoyer sur l’imprimante ces 400 pages : 2/5 de ramette et un quart de cartouche d’encre seront alors nécessaires pour un coût non nul et un résultat pas terrible, dans un format A4 peu pratique. Cette version imprimée sera tôt ou tard perdue, détruite, elle ne vivra jamais comme un livre qui pourrait circuler de mains en mains.
Enfin, dernière raison, mais non des moindres : la diffusion de textes sur internet les fige dans le temps sous la forme de leur dernière version éditée (si il y a en eu une), agrémentée des fautes de transcription. Or, il très souvent souhaitable de repenser l’appareil critique : préface, introduction, notes, sans compter l’ajout d’index. Bien sûr, cela pourrait être fait en ligne, mais concrètement la motivation pour un tel travail provient d’une volonté éditoriale.
Un projet est engagé sur décision de l’Assemblée Générale. La décision est prise sur la base de la validation d’un avant-projet qui a présenté les motivations, les contraintes, les ressources à engager, les perspectives financières, etc., associées à ce projet. Ce formalisme est détaillé dans la seconde partie de notre règlement intérieur. Ce n’est pas trop contraignant et cela permet de garantir le caractère collectif du fonctionnement et surtout que nous ne partions pas dans tous les sens, tant il est vrai qu’il y aurait beaucoup à faire sur de nombreux sujets !
Non, absolument pas. Ce n’est ni nécessaire ni même souhaitable. Si notre centre d’intérêt est clairement l’histoire politique et sociale du mouvement ouvrier, cela ne suffit certainement pas à créer les bases d’une plate-forme politique. Bien sûr chaque membre est libre de donner — ou pas — un sens politique à son travail dans le collectif. Cela peut même se traduire par des propositions de projet ou des contributions annexes, mais en tout état de cause, cela se fond dans l’activité éditoriale commune. L’absence de plate-forme est la garantie que nous aborderons toutes les propositions de projet avec un œil critique mais… ouvert.
Non plus. Notre regroupement s’est effectué en dehors de tout groupe ou parti. Des groupes ont œuvré ou continuent d’œuvrer au sein du camp prolétarien. Nous n’avons aucune réticence à envisager une collaboration liée à un projet précis pour lequel le fond documentaire ou les connaissances d’un groupe politique s’avèreraient un apport précieux.
Non, en ce qui concerne les organismes de recherche. Mais nous présentons des dossiers d’aide à l’édition ou à la traduction au Centre National du Livre ou auprès de notre Agence régionale : Occitanie Livre et Lecture.
Comme toute association, le collectif est habilité à collecter de nombreuses sources de rentrées financières. Concrètement, l’essentiel de nos ressources est constitué par les cotisations et contributions internes des membres, les souscriptions et surtout les ventes de nos publications. La souscription peut jouer un rôle très important dans la phase initiale du travail d’édition (pour payer les frais d’impression) quand il n’y a pas (ou pas suffisamment) de livres déjà édités au catalogue pour payer les suivants. Nous bénéficions éventuellement de subventions.
L’adhésion est avant tout un soutien moral et financier aux objectifs de l’association. La cotisation est de 25 € par an taux plein, ou moins selon les possibilités de chacune et chacun, et sans justificatif de statut. Chacun·e est libre ensuite de donner de son temps pour participer ou non aux activités du collectif d’édition. L’adhérent·e est abonné·e à la liste de diffusion électronique interne et est invité·e à participer à toutes les Assemblées Générales.
Pour tout·e nouvel·le adhérent·e, il n’y a que l’embarras du choix : proposition de projets, dossiers d’avant-projet, numérisation, relecture, corrections, rédaction des notes, notices biographiques, recherches bibliographiques, maquette, contact imprimeurs et libraires, suivi de la diffusion, correspondance, etc. Et puis par dessus tout : donner son avis, critiquer, impulser, participer à la vie du collectif.